La trempe
Le travail des aciers demande rigueur et exactitude.
Chaque nuance d'acier à une température d'austénisation différente. Par exemple, un acier carbone C130 se trempe à 780/800°C. Alors qu'un inox 12C27Mod se trempe à 1060°C. Le XC75 se trempe, lui, à 790/810°C, soit quasiment comme le C130, mais pas tout à fait.
Les durées de maintient à température varient aussi d'un acier à l'autre et certains d'entre eux nécessitent des paliers au cours de l'augmentation thermique.
Comme vous pouvez le constater, les nuances peuvent être larges, mais chacune doit être très précise. Tremper un acier à une température trop élevée le rend plus cassant. Tremper un acier à une température trop basse le rend trop tendre.
De fait, considérer qu'une trempe peut se faire à l'œil et avec n'importe quel acier de récup' est une aberration. à moins d'avoir l'expérience d'un maître japonais et l'expertise d'un aciériste formidable capable de reconnaître chaque nuance d'acier, en même temps.
Bien sûr, l'on peut considérer qu'un acier de récupération du style disque de frein ou lame/ressort de suspension se situe dans la famille des aciers carbone et que l'on peut le tremper entre 780 et 850°C. Mais l'on ignorera toujours de quelle nuance il s'agit. la température de trempe augmente avec le pourcentage de chrome contenu et elle varie selon la quantité des autres composants (molybdène, vanadium, manganèse, silicium, etc.) , sa concentration en carbone et autres éléments. Certains disques de freins de grande qualité pour le freinage ne le seront pas forcément pour la coutellerie. Et un acier à ressort a des qualités de résilience importantes, mais ne contient que moyennement ce fameux carbone, gage de la dureté de nos lames de couteaux.
Et oui : l'on est bien à 50°C près quand il s'agit de tremper un acier. On est même à 10°C près si l'on recherche la perfection.
Bien sûr, rien que de sortir un acier d'un four de forge et le conduire jusqu'à son bain de trempe induit une perte de température qu'il faut prendre en compte. d'où l'intérêt d'un geste rapide et précis.
La température du bain de trempe et sa composition comptent aussi beaucoup. La lame doit refroidir le plus vite possible, sans pour autant subir un choc trop violent qui pourrait la fissurer, même la briser. Certaines nuances d'acier doivent subir une cryogénisation à -160°C après être montées en température par paliers. Alors que d'autres se tremperont à l'air, tout simplement.
D'où l'importance de connaître quel acier l'on travaille.
la façon de plonger une lame dans son bain de trempe est aussi d'une importance extrême. La trempe est un traitement violent pour l'acier. une lame trempée en oblique va se tordre, voire vriller et la redresser devient alors presque impossible. J'en ai redressées quelques unes à mes débuts et ma première lame de Hemolc'her Braz a vrillé. Ce qui a rendu ma tentative de redressement vaine et m'a forcé à reprendre à zéro tout son processus de fabrication.
C'est la raison pour laquelle connaître son acier et ses spécificités est d'une grande importance. Les bons fournisseurs d'aciers de coutellerie proposent leurs fiches techniques correspondantes.
Un coutelier amateur bricole avec ce qu'il a.
Un coutelier passionné recherche l'excellence. Même s'il doit pour cela fabriquer lui-même son four, compte tenu des tarifs commerciaux de cet outil, il ajoutera une sonde thermique à ce four et la placera de façon à ce qu'elle subisse exactement les mêmes températures que ses lames.
Alors seulement, l'on peut se permettre de vendre ses couteaux pour ce qu'ils sont :